En 1917, la propriété privée des moyens de production disparaît en Russie par décret. Les ressources passent sous le contrôle de l’État ou de collectivités organisées. L’URSS, la Chine maoïste et certains kibboutz israéliens appliquent des règles économiques où la production, la distribution et l’investissement échappent à l’initiative individuelle.
L’organisation économique ne repose plus sur la concurrence ni sur le profit personnel, mais sur des plans collectifs, des quotas et des objectifs fixés par une autorité centrale ou une communauté. Des variantes existent, oscillant entre centralisation stricte et gestion locale coopérative.
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Comprendre le collectivisme : définition et principes fondamentaux
Le collectivisme s’impose comme une manière d’organiser l’économie et la société où la propriété collective remplace la logique privée. Dans ce modèle, les terres, les usines, les ressources naturelles ou les infrastructures n’appartiennent plus à des individus, mais à la collectivité, qu’elle soit nationale, régionale ou structurée en coopératives. L’opposition est nette : là où le capitalisme privilégie la possession individuelle, le collectivisme dessine un horizon où la gestion des richesses s’opère au nom de tous.
Le cœur de la définition du collectivisme réside dans ce principe : la création et la répartition des richesses doivent servir l’intérêt général plutôt que les ambitions particulières. Les décisions majeures s’élaborent à travers une planification démocratique, confiée aux assemblées, aux conseils ouvriers ou à des instances étatiques. L’objectif : une répartition plus juste des ressources, une limitation des inégalités et le renforcement du lien social.
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À l’épreuve du capitalisme, le collectivisme se pose en alternative. Il propose de substituer la concurrence par la coopération, le profit par la solidarité. Ce clivage entre capitalisme vs collectivisme traverse les siècles et continue d’alimenter les débats sur les orientations économiques et sociales à adopter.
Pour clarifier les caractéristiques du collectivisme, voici les traits majeurs qui le distinguent :
- Propriété collective : terres, usines, infrastructures sous gestion commune.
- Planification démocratique : les choix économiques se discutent et se décident collectivement.
- Volonté de justice sociale et d’atténuation des écarts de richesse.
La question qui anime le collectivisme reste toujours vive : qui décide de la répartition des richesses produites en commun ? Les réponses s’inventent au fil des contextes, des périodes historiques et des institutions mises en place.
Comment le système collectiviste s’est-il développé à travers l’histoire ?
La histoire du collectivisme ne se limite pas à une rupture brutale ou à l’application mécanique d’une doctrine. Ce sont des trajectoires multiples, des expériences collectives, des essais et des ajustements. Dès le XIXe siècle, la montée du mutualisme et la naissance des premières coopératives ouvrières signalent une volonté de solidarité. Les caisses d’épargne populaire et les sociétés de secours mutuel se construisent pour affronter les incertitudes du salariat industriel.
Le XXe siècle marque un tournant décisif avec l’essor de l’État providence. En Scandinavie, en France ou au Québec, le système de protection sociale prend forme, l’État s’implique, organise, mutualise les risques et redistribue les richesses. Les services publics s’affirment comme socles du pacte social, portés par une dynamique de décentralisation et de réduction des inégalités.
Mais ce chemin n’est jamais rectiligne. Les années 1980 voient la montée des politiques de privatisation et du néolibéralisme. Certaines conquêtes collectives sont remises en cause, la frontière entre propriété commune et appropriation privée se déplace. Pourtant, les coopératives, mutuelles et quelques services publics persistent, réinventent leurs modalités, et continuent de défendre une vision de l’économie fondée sur la coopération et le bien commun.
Les différentes formes de collectivisme : du marxisme aux expériences contemporaines
Le collectivisme ne se résume pas à une seule doctrine figée. Il recouvre une mosaïque de formes, issues de traditions idéologiques variées et d’expériences sociales contrastées. L’influence du marxisme reste majeure, avec sa proposition d’abolir la propriété privée des moyens de production, de mettre en place une économie planifiée et d’organiser la gestion collective des ressources. Mais il serait réducteur de s’arrêter à cette vision centralisée.
Des alternatives existent, portées par l’économie sociale ou l’économie sociale et solidaire. Ici, la coopération fonde le projet. Les coopératives, les mutuelles, des associations et des syndicats esquissent d’autres voies, loin du capitalisme traditionnel. Les mouvements féministes, par exemple, investissent des secteurs comme l’éducation ou le développement régional, imaginant des dispositifs collectifs pour soutenir, accompagner et transformer la société.
Les expériences d’aujourd’hui sont multiples. Certaines reposent sur une planification démocratique à l’échelle locale, d’autres privilégient la gestion partagée de l’épargne nationale. Le syndicalisme, loin des clichés, initie parfois des dynamiques collectives inédites : structuration de filières économiques, défense de droits sociaux dans un contexte de fragilité croissante.
Ce panorama du collectivisme déborde largement le marxisme et irrigue aujourd’hui des pans entiers de la société : santé, éducation, initiatives citoyennes pour la gestion des biens communs. Les formes se diversifient, la logique demeure.
Exemples marquants et applications concrètes dans le monde
À travers le monde, des pratiques collectives s’ancrent dans l’économie et dessinent des alternatives tangibles. Les exemples de collectivisme ne manquent pas : les entreprises publiques occupent une position stratégique, notamment dans la gestion des ressources naturelles comme l’énergie et les transports. Dans plusieurs pays, la nationalisation de secteurs clefs, pétrole au Venezuela, gaz en Algérie, eau en Scandinavie, vise à garantir un accès partagé à des biens jugés fondamentaux, hors du champ du profit privé.
Sur le continent nord-américain, le modèle québécois se distingue. L’exemple d’Hydro-Québec, né lors de la révolution tranquille, incarne la volonté d’un contrôle collectif sur l’énergie. Parallèlement, le développement massif de coopératives agricoles et financières contribue à la stabilité économique de la province et à la lutte contre la crise structurelle.
Dans un contexte de crises écologique et salariale, certaines régions choisissent la planification démocratique et la gestion commune des ressources. Des initiatives locales voient le jour, réinventant l’action publique, rééquilibrant la relation entre intérêts communs et aspirations individuelles. Cette diversité d’applications concrètes montre un collectivisme en perpétuelle mutation : il s’adapte, se transforme, questionne sans relâche les frontières de la solidarité aujourd’hui.
L’histoire n’est pas écrite : à chaque crise, à chaque bascule politique ou sociale, la question du bien commun et du partage refait surface, bousculant les certitudes et ouvrant la voie à de nouveaux équilibres.